Le meneur d'homme et le visionnaire.....
Si l'histoire officielle de Michelin met volontairement l'accent sur le rôle primordiale d'Edouard qui n'est d'ailleurs pas contesté, André n'était pas un personnage ordinaire, tant s'en faut. C'est lui qui fut à l'origine du patin de frein en caoutchouc. Autant son frère n'aimait guère les mondanités, autant André le parisien y prenait goût, rencontrant dans les soirées et cockails de la capitale des personnalités importantes du monde politique ou industriel.Il n'était jamais à court d'inspiration. Il fut à la fois une sorte d'agent commercial de l'entreprise à Paris et l'inspirateur des grandes orientation technique que devait prendre Michelin à ses origines.
A Paris, il fréquentait le pionnier de l'aviation Henri Farman ainsi qu'Henri Desgranges, directeur du journal sportif l'Auto et inventeur du Tour de France dont la premiére édition prit le départ le 1er juillet 1903. Comme on verra plus tard, la manufacture doit à André un certain nombre d'inventions et d'initiatives de premier plan. Y compris le célèbre GUIDE MICHELIN, dont le premier exemple paraît en 1900. De même la première carte de France Michelin. C'est à lui également que l'on doit les premières bornes et pancartes de signalisation routière en France, avec la pose, à partir de 1910, de bornes d'angles en ciment armé aux intersections routières et plaques qui indiquaient les directions ainsi que le kilométrage pour rejoindre les agglomérations voisines.
L'extention des usines Michelin......
L'extention des usines Michelin s'est déroulée vers le nord-est de la ville- à lépoque en friche enter Clermont et Montferrand - mais au bord de la Tiretaine, le "fleuve" que toute capitale se doit de posséder. L'eau vive, était indispensable pour sa force, sa vapeur, ses capacités de refroidissement et de trempage et, ne l'oublions pas, d'évacuation aussi.
Si la tiretaine a joué son rôle, les voies de communication sont ensuite devenues primordiales: l'historisque usine des Carmes ne pouvant s'étendre, trop insérée dans la ville, l'usine d'Estaing s'est installée près de la voie ferrée, puis la proximité des routes nationales s'est imposée pour Cataroux et la Combaude.
Ainsi, par cette avancée résolue vers le nord-est, Clermont et Montferrand - un début de ville et une bourgade, séparées au début du siécle dernier par des jardins des cultures d'angélique et des réflexes "clochemerlesques" - ces deux unités ont été réunies. Michelin a ainsi constamment fabriqué du tissu urbain, à tel point qu'il est difficile aujourd'hui de trouver les marques originelles du territoire.
Clermont est évidemment marquée, comme toutes les villes industrielles, par l'emprise foncière de cette industrie. Cependant, l'emiettement des implantations de Michelin, au sein même de la commune de Clermont, entraine une absence de pesanteur sur la ville. Mis à part quelques cheminées, et surtout quelques bâtiments, célèbres localement par leur forme - les "pistes de Cataroux et d'Estaing" construites pour un va-et-vient sans fin, sorte de tremplins industriels tournés vers le ciel - se promener à Clermont ne signifie pas et n'a jamais signifié circuler autour des usines, à l'ombre des usines Michelin.
A cet émiettement dans la ville, répond en effet une relative discrétion des bâtiments eux-mêmes: les usines et des ateliers n'ont jamais été démesurément hauts mais plutôt démuserément plats. L'architecture des usines Michelin est de facture très classique et avant tout fonctionnelle: c'est celle du vaste plan sans entraves que permettent les charpentes métalliques (n'oublions pas qu'André Michelin construisait de telles structures au départ). Ce sont égalemenr les toits de lignes brisées, portant la lumière à l'intérieur de l'ensemble.
Edouard et André.....
Edouard et André ignoraient rigoureusement tout du caoutchouc et de ses applications industrielles ! Ils n'avaient guère idée de l'aventure dans laquelle ilq se lançaient. Ils ne pouvaient, bien sûr, pas plus deviner quelle destinée attendait la manufacture. Mais, de fait, les premiers succès n'allaient pas se faire attendre, résultats d'une cascade d'initiatives techniques, industrielles et commerciales. Premiere de ces initiatives, prise par André en 1887: l'entreprise fit déjà preuve d'innovation en lançant sur le marché un patin de frein pour voitures à cheval et vélocipèdes. En toile et caoutchouc, il était appelé à remplacer avantageusement les patins en fer ou en fonte qui, lorsqu'ils étaient actionnés, faisaient un bruit épouvantable. Le nouveau patin prit pour nom "The Silent".Un nom anglais en imposait, et l'Angleterre était en avance sur l'Europe dans le domaine du vélocipède. Le patin de frein est breveté et présenté à l'Exposition universelle de 1889 ou il décroche une médaille de bronze.Montré deux ans auparavant au Stanley Show à Londres, la principale exposition consacrée au vélo, sa mise au point révélait l'intérêt que Michelin et Cie portait déjà aux transports. La firme continuait en même temps d'engranger des revenus substantiels de la vente de ses balles en caoutchouc, le nombre d'écoles clientes passant de quatorze en 1888 à trois cent soixante-quatre en 1894, selon les chiffres des publicités Michelin. Mais la commercialisation du patin de frein est tout de suite un succès, y compris en Angleterre, ce produit nouveau conférant du même coup à la manufacture un certain prestige ainsi qu'un début de notoriété.
Aristide Barbier décède peu après....
Mais Aristide Barbier décède peu après, et l'entreprise familiale se met à donner des signes de faiblesse inquiétantes, faisant craindre une déroute financière.S'ensuit un court intermède pendant lequel la maison fut gérée par le notaire Jean-Gilbert Biideau, ce dernier se montrant un piètre chef d'entreprise, au point de s'en retirer en 1886. Il la maison en piteux état. La ruine rôde. Sur les trois cent vingt employés, il n'en restait qu'une trentaine, qui n'avaient pas été payés depuis plusieurs mois, tandis que les banques refusaient tout nouveau crédit. Or la famille Barbier était liée à celle des Michelin par Adèle (1829-1898), qui épousa Jules Michelin en avril 1852. Adèle fit appel à son fils aîné, André (1853-1931). Ce dernier, déjà membre du conseil de gérance de l'usine, ingénieur et diplômé de l'Ecole centrale des arts et manufactures, avait fondé une entreprise de charpentes métalliques à Paris et paraissait le plus arpe à reprendre les rênes de la société. Bien que très pris par ses réalisations à Paris ( il fit, sur la base de ses charpentes métalliques, ériger un certain nombre d'usines,dont celles de Peugeot dans le Doubs et des cycles Clément à Levallois-Perret), il décida de rejoindre Clermont en 1886 pour, comme on le lui demandait, reprendre l'affaire familiale mal en point.
Fabrication de joints, de tuyaux......
Les deux cousins fondent en 1863 " Barbier Daubrée et Cie" à qui ils confèrent un statut de société en commendite par actions.
Plus tard, la maison Michelin reprendra à son compte ce même statut juridique qui garantit une grande liberté de gestion pour ses gérants et la met théoriquement à l'abri des OPA hostiles. Les deux cousins réalisent progressivement les atouts du caoutchouc pour la fabrication de joints, de tuyaux, de pompes d'arrosage et autres pièces pour machines agricoles qui représentent l'essentiel de la production de leur fabrique.